Zoom : La fabuleuse histoire de Grasse, capitale des parfums
Image par Gerhard Bögner de Pixabay
Véritable pépite culturelle de l’arrière-pays cannois, entre mer et montagne, la ville de Grasse s’emploie à attirer les foules par sa réputation de « Capitale mondiale du parfum ». Son industrie connue à travers le monde en fait l’essence même de son patrimoine. Un lieu chargé d’authenticité où la conservation des bâtiments témoigne encore d’une folle époque qui bouleversa le paysage d’une petite ville sans prétention. Venez battre son pavé, apprécier ses décors d’autrefois et humer les odeurs de son passé en remontant l’histoire de la ville de la ville de Grasse.
De tanneurs à parfumeurs de la noblesse
Fondée au VIIème siècle, la ville de Grasse a su traverser les âges et marquer ses murs de l’empreinte de ses différentes vies. Son architecture provençale et génoise y cache aujourd’hui des bâtisses rénovées des XVIIème et XVIIIème siècles et se confondent avec les hôtels particuliers et les grandes maisons du XIXème. Raison pour laquelle un quart de son territoire est classée réserve naturelle protégée.
Image par Kathryn George de Pixabay
C’est au XIIème siècle que débute la folle histoire de la ville de Grasse. De nombreux tanneurs s’installent autour du petit cour d’eau qui traverse la ville pour y faire commerce de peaux. Une activité à la forte odeur nauséabonde qui en fit ironiquement sa 1ère réputation ! Gants, sacs, ceintures, dont la senteur tenace déplaisait, ne trouvèrent pas leur place chez les femmes du monde qui laissaient cette matière à l’usage des petits travailleurs. Pour répondre à cette problématique, certains tanneurs se mirent à associer des fragrances fleuries à leurs cuirs et envoyèrent des gants parfumés à la Cour de France. Le succès fut immédiat, et, sous l’impulsion de Catherine de Médicis, ils devinrent une mode incontournable autour du bassin méditerranéen. En 1614, le Roi lui-même reconnait une nouvelle corporation de parfumeurs gantiers.
L’expansion de l’industrie
Du développement de ces eaux odorantes est né celui de la culture des fleurs. Les champs et plantations se multiplient sur des hectares autour de la cité dont le microclimat et la qualité de la terre en font une mine d’or. Jasmin, rose de mai, violette, fleur d’oranger, lavande, les essences olfactives méditerranéennes y sont cultivées. Au milieu du XVIIIe siècle, c’est l’essor de l’industrialisation. Les plus grands parfumeurs, Fragonard, Gallimard, Chiris y virent le jour, l’univers du parfum devient concurrentiel.
La fabrication artisanale laisse place aux manufactures et aux importations de fragrances aux senteurs exotiques venues des colonies telles que la vanille ou l’ylang. En 1875, 65 sociétés liées à la parfumerie colorent l’économie de Grasse. Industries, courtiers, cultivateurs se partagent alors l’essor économique de la ville aux senteurs. La création d’usines de parfum, de boutiques, la culture de plantes, finissent d’asseoir une belle réputation qui ne fera que grandir. Mais ce luxe parfumé reste encore élitiste et haut de gamme.
La popularisation d’un produit de luxe
Berceau des découvertes aromatiques, le XXème siècle aura vu les classes moyennes accéder aux parfums grâce à l’apparition des produits de synthèse. C’est l’explosion de l’industrie et de l’exportation de masse. En 1905, on récolte 600 tonnes de fleurs chaque année contre 5000 tonnes en 1940. Dans les années 2000 on dénombre seulement 30 tonnes de produits achalandés jusqu’aux usines historiques.
Les champs sont en décroissance au profit de logements dont la ville a besoin pour accueillir ses travailleurs. Il reste cependant aujourd’hui quelques exploitations florales bien connues des locaux autour de la campagne grassoise. Ces fleurs sont de nouveaux réservées à l’industrie haut de gamme. Les mêmes qui aiment à recourir aux produits bruts dont les senteurs provençales ne sont pas dénaturées.
La fameuse rose Centifolia
Les vestiges d’un passé aux milles senteurs
Marqué par ses années d’exploitation et de créations florales, Grasse se pare aujourd’hui des marques de son histoire. Flâner en son centre historique, c’est remonter dans le temps et revivre les années florissantes de l’industrie du parfum provençal. Au cœur du Grasse médiéval se cachent les vestiges d’une époque révolue. C’est ici que les plus grands parfumeurs ont débuté leur art, perfectionné leur pratique et transmis leurs savoirs. Ses ruelles pavées, étroites et désordonnées, la fraîcheur de ses murs, les fragrances de ses parfums. Une agréable balade où petits restaurants et boutiques vous attirent par leur devantures d’époque.
Nombre de musées rappellent désormais l’incroyable devenir d’une petite cité que rien ne destinait à une pareille existence. Le musée international de la parfumerie, le musée Fragonard, le musée Gallimard et le musée Molinard en sont les principaux étendards. Le musée d’art et d’histoire de Provence, le musée du costume nous plongent quant à eux dans l’univers authentique de la vie provençale.
Un renommée mondiale
Aujourd’hui capitale du parfum, la vieille-ville de Grasse vous ouvre les secrets de fabrication ancestrale de leurs senteurs autour d’atelier de création de parfum, de démonstration de transformation de matières premières, distillation, extraction, lors des visites-guidées odorantes de musées au milieu des alambics. Onguents fleuris d’époque, arômes, eaux de parfum, cosmétiques, eaux de toilette, eaux de cologne, encens, bougie, cueillette, tout est évoqué dans le but d’éveiller nos cinq sens. Un patrimoine culturel en Pays de Grasse qui fait la fierté de la région. Les parfumeries proposent aujourd’hui leurs « parfums de Grasse » comme un emblème de qualité olfactif, un certificat d’excellence.
Grasse, Place Aux Aires
Si l’envie vous venait de séjourner sur notre Côte d’Azur, Grasse est assurément une escale culturelle à ne pas manquer. Appréciée pour son histoire et son patrimoine, elle saura ravir le cœur des plus jeunes. Visite des usines, promenade en petit train, flâneries dans ses jardins fleuris. Une escale dans le temps à faire frémir les sens !
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